Né le 24 décembre 1919 à Rodez dans l'Aveyron, est un peintre et graveur français associé depuis la fin des années 1940 à l'art abstrait.
Il est particulièrement connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ». Ayant réalisé quelque 1 550 toiles1 dont les titres sont pour la plupart composés du mot « peinture » suivi de la mention du formatn 1, il est un des principaux représentants de la peinture informelle.
En janvier 1979, lors d'un travail sur un tableau, Soulages ajoute et retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l'atelier, désemparé. Lorsqu'il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c'était comme s'il n'existait plus »9. Cette expérience marque un tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir ».
Soulages a choisi l'abstraction, car il dit ne pas voir l’intérêt de passer « par le détour de la représentation […] Je ne représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins »5. Son approche picturale n'est pas celle de choix prédéfinis mais s'élabore dans la peinture en train d'être « faite » et dans les interactions entre le peintre et sa réalisation lors du processus de création, dans les rapports aux formes, proportions, dimensions, couleurs, etc.10,11
Jusqu'en 1979, la peinture de Soulages est proche du style abstrait d’Hans Hartung avec une palette restreinte dont les effets de clair-obscur sont perceptibles, y compris en transparence. Après 1979, ses tableaux font beaucoup appel à des reliefs, des entailles, des sillons dans la matière noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de couleurs. Car ce n’est pas la valeur noire elle-même qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu’elle révèle et organise : il s'agit donc d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970 ; d'où aussi l'utilisation du qualificatif « mono-pigmentaire » de préférence à celui de « monochrome » pour qualifier la peinture de Soulages.
L'outre-noir présente une variété d'effets : utilisation de couleurs comme le brun ou le bleu, mêlées au noir ; utilisation du blanc en contraste violent avec le noir et du blanc sur l'entière surface de la toile ; utilisation, après 2004, de l'acrylique, qui permet des effets de matière beaucoup plus importants et donne la possibilité de contrastes mat/brillant…