Point de Vue Septembre 2009
Spécial Art
Enchères
- Saint Laurent-Bergé
2ème partie, Vente du mobilier de Château Gabriel
- Romanov
Des Fabergé retrouvés
- L'art contemporain victime de la crise
L'avis des experts
Collection
- La passion BD de Michel-Edouard
Patrimoine
- Chantilly sauvé par l'Aga Khan
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Les chefs-d'oeuvre du Roi-Soleil
Rentrée
- L'expo choc
Veilhan à Versailles
Exclusif
- Au musée de Téhéran
La collection censurée de Farah
L'Art déco se porte bien
Dans la capitale, le petit monde de l'Art déco vit sereinement la crise. Sur ce marché, essentiellement parisien, marchands et experts parlent de stabilisation plus que de récession.
Par François Billant.
«LES ESTIMATIONS, PLUS RAISONNABLES, encouragent le retour des collectionneurs ». Cécile Verdier, spécialiste Art déco de la maison Sotheby's, adopte un ton résolument optimiste. La baisse effective des enchères, d'environ 20%, influence assez peu le marché « Au final, les œuvres importantes et de qualité atteignent les mêmes prix qu'auparavant.» Au premier semestre, la commissaire-priseur a adjugé pour 130 000 euros un fauteuil de Jean Royère proposé pour 60 000. Un siège en cuir de Charlotte Perriand, présenté à l'Exposition de 1925, a multiplié par onze son estimation de 100 000 euros! «En cette période, le plus difficile n'est pas de trouver des acheteurs, mais plutôt de convaincre les vendeurs de nous confier leurs objets ! » Les fluctuations économiques de cet hiver ont généré une forte inquiétude auprès de la clientèle, devenue un peu attentiste. Nécessité faisant loi, pourtant, les réserves des maisons de ventes se reconstituent peu à peu et le marché devrait retrouver un rythme normal dès cet automne.
Dans sa galerie parisienne de la rue Bonaparte, Willy Huybrechts ne souffre pas de cette pénurie de marchandise. Ses lampes de Dupré-Lafon, ses meubles laqués de Marc Du Plantier, ses fauteuils en palissandre de Pierre Chareau proviennent d'un fonds patiemment amassé, et sans cesse renouvelé. Formé à l'école du marché aux puces, ce jeune marchand s'est taillé une belle réputation à Saint- Germain-des-Prés, ces dernières années. Ses expositions sur Dominique, Daurat ou Eugène Printz, témoignent de ses capacités d'expert, comme de son talent de découvreur. De son point de vue: « Le marché est assaini par la crise. Les pièces de facture moyenne ne trouvent plus d'acheteurs, mais les prix se stabilisent sur le travail de qualité. Les belles œuvres trouveront toujours preneur, particulièrement à Paris, le cœur de ce marché.»
Porté par le « souffle de la vente Saint Laurent », au premier semestre, , l'Art déco a même battu de nouveaux records dans la capitale. En témoignent les 21 millions d'euros atteints par le fameux fauteuil « aux dragons » d'Eileen Gray, datant des années 1917-1919, et vendu plus de sept fois son estimation haute.
À une moindre échelle, la maison Artcurial a annoncé de « solides résultats » après sa grande vente du mois de juin. Sous le marteau de maître Tajan, une commode des années 1930, en chêne recouvert de coquille d'oeuf de Marcel Coard, estimée à 150 000 euros, est partie pour plus de 285 000. Et un vase rond de Jean Dunand, en dinanderie de maillechort (alliage de cuivre, nickel et zinc), des 25 000 euros prévus, est monté au-delà de 47000.