Connaissance des Arts mai 2009

Connaissance des Arts mai 2009
Avril 2009 - Le site de référence de tous les arts et de toutes les époques
  • Evénement : Matisse et les abstraits
  • Architecture : Habiter écologique et esthétique
  • Contemporain : Les ateliers de la Force de l'art
  • Chicago, un musée encore plus beau

 

Le luminaire, quintessence de l'Art Déco

Précieux ou modernistes, les luminaires Art Déco, souvent parvenus jusqu'à nous en bon état, sont recherchés pour leurs qualités sculpturales.

L'Art Déco est d'une fécondité exceptionnelle dans le domaine du luminaire. Les créateurs de l'entre-deux-guerres ont exploré cette spécialité dans toute sa diversité, qui va des lampadaires aux suspensions, des appliques aux veilleuses et aux lampes de table. Cette diversité s'exprime à travers les matériaux les plus contrastés : préciosité des bois exotiques, du parchemin, du galuchat, mais aussi modernité du verre, du métal, de la pierre. Mais ce qui signe véritablement le luminaire Art Déco, c'est l'invention de l'éclairage indirect, avec en corollaire une recherche « d'ambiance », rappelle Christian Boutonnet de la galerie L'Arc-en-Seine, notamment grâce aux appliques et à l'abandon de l'abat-jour. Le luminaire devient modulable, articulé, joue avec la réfraction de la lumière. Chez Desny, cet éclairage indirect prend la forme de « bibelots lumineux », d'« architectures lumineuses » en verre et métal. Avec Jean-Michel Frank, l'éclairage se niche parfois dans un bloc de quartz ou d'albâtre, « boule de cristal » magique et fascinante. Eugène Printz s'est aussi passionné pour les luminaires, qui sont chez lui d'une qualité exceptionnelle, simples et sophistiqués dans la veine moderniste. Destiné à l'origine à une clientèle élitiste très avertie, comme les Noailles ou la princesse de la Tour d'Auvergne, le luminaire Art Déco est perçu aujourd'hui comme étonnamment actuel et se vend très bien. Il est en règle générale arrivé en bon état jusqu'à nous et peut fréquemment être utilisé tel quel, avec son fil d'origine et sa douille à baïonnette, sans être réélectrifié. La raréfaction des pièces originales entraîne une montée des prix, qui se situent entre 40 000 € et 100 000 € pour Jean- Michel Frank et autour de Connaissance des Arts mai 200950 000 € pour Pierre Chareau, mis à part sa légendaire Religieuse, vers 1923, qui vaut entre 250 000€ et 300 000 €. Bien plus qu'un objet fonctionnel ou décoratif, le luminaire Art Déco est recherché pour sa forme sculpturale, insiste Christian Boutonnet : « Les luminaires du xxe siècle sont véritablement proches de la sculpture lumineuse ».

VALÉRIE DE MAULMIN

 

Eugène Printz et Jean Dunand, lampe de table Champignon, vers 1930, piètement en métal laqué blanc, abat-jour en dinanderie de cuivre patiné et argenté, H. 30 cm env. (galerie Willy Huybrechts, Paris). Encore dans la mouvance de l'esthétique naturaliste du début du xxe siècle avec ce motif « champignon », cette lampe préfigure déjà d'une façon saisissante les lignes des années 1970, avec le piètement circulaire blanc. Collaboration entre Eugène Printz (1879-1948) et Jean Dunand (1877-1942), elle est réalisée entièrement en métal, avec un abat-jour stylisé à décor d'éclairs en dinanderie, dont la perfection lui donne une forme de préciosité.

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